Dans la tribune d’honneur de l’Eden Park, à l’heure du coup d’envoi du Mondial, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a dû savourer une intuition diplomatique vieille de près de vingt ans. Les relations franco-néo-zélandaises touchaient alors le fond depuis qu’en 1985, dans le port d’Auckland, une équipe de la DGSE avait coulé le Rainbow Warrior, navire amiral de Greenpeace, provoquant la mort d’un photographe portugais. Une dramatique bourde diplomatique et militaire qui rendit le Tricolore tricard sur zone. Le rugby permit un début de normalisation des relations avec Wellington par l’intermédiaire de Bernard Lapasset, ex-président de la fédération française, désormais à la tête de l’International Rugby Board. Qui raconte.
Comment en êtes-vous arrivé à jouer les diplomates ?
En 1993, après mon élection à la tête de la FFR, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, m’a demandé d’essayer de recoller les morceaux car seul le rugby pouvait y parvenir.
Comment était l’ambiance sur place ?
Plus que tendue. A Wellington, sur les bâtiments de Greenpeace, flottaient d’immenses banderoles antifrançaises. Au sein de la population de toute la zone Pacifique régnait un très fort ressentiment. Depuis des années, les habitants du Pacifique protestaient contre les essais nucléaires. Comme président de l’IRB, j’ai découvert dernièrement dans les comptes que la France alimentait alors en sous-main, à hauteur de 60%, le budge