«Je me sens en paix.» Voila quatre ans que Graham Henry, le sélectionneur des All Blacks, ressassait intérieurement le quart de finale de Cardiff et cette élimination aussi précoce qu'infamante contre l'équipe de France. Dimanche soir, ses joueurs ont tutoyé «l'immortalité», comme le rêvait la presse néo-zélandaise depuis des mois. Pendant le match, les images le montrant dans son box, blanc comme un cachet d'aspirine, étaient beaucoup moins rassurantes.
Ironie. Mais Henry et ses hommes ont atteint leur objectif : être champions du monde chez eux. Face à des Bleus à deux doigts de briser le sort qui protège l'Eden Park depuis «l'essai du bout du monde» marqué par les Bleus en 1994, les All Blacks ont semblé quelconques. A deux doigts de succomber à la pression de tout un pays, autant qu'à celle de 22 Français les défiant pendant leur haka. A l'image de Piri Weepu. Promu sauveur en chef et buteur depuis la blessure de Dan Carter, le demi de mêlée a perdu ses moyens face aux poteaux : trois échecs (deux pénalités, une transformation) en autant de tentatives. Comble de l'ironie, c'est Stephen Donald, quatrième choix à l'ouverture avant la compétition et raillé par les journaux locaux, qui donna la victoire à ses coéquipiers sur sa seule pénalité après avoir remplacé Aaron Cruden, troisième numéro 10 blessé en sept matchs, après Carter et Colin Slade.
Les joueurs à la fougère argentée, gênés par l’engagement extrême des Français, ne furent jamais