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Libération

Le flamboyant Antoñete a cessé de se consumer

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Disparition. Le Madrilène, fumeur invétéré, est mort samedi à l’âge de 79 ans.
publié le 27 octobre 2011 à 0h00

Samedi, Antonio Chenel Albaladejo «Antoñete», torero tabaco y oro, a cassé sa pipe. A 79 ans. Broncho-pneumonie. La clope. On a dit de lui qu'il avait six doigts à une main : le sixième, une Marlboro. La cigarette est en partie à l'origine de sa vocation. Il est gamin, il habite chez son beau-frère, Paco Parejo, responsable des corrals dans les arènes de Madrid et, un jour, il voit Manolete prêt à toréer. Juste avant d'entrer en piste, Manolete fume. Il est adossé au mur de briques. Le halo de son personnage hiératique et sacré se mêle à la fumée de sa cigarette. Toréer, fumer, même encens. Le jeune Antonio est saisi par l'image. Il vit à Las Ventas, chez sa sœur et son mari, parce que son père, ouvrier, républicain et monosabio très populaire des anciennes arènes madrilènes, est en prison. Où il mourra de tuberculose. C'est un «rouge». Comme ses deux frères, fusillés par Franco.

Antoñete fut d'abord cette revendication : ne jamais renier sa classe et son origine. Il refusera toujours de toréer dans des habits bleus, couleur de la Phalange, le syndicat franquiste. Et contraint, à l'occasion, de brinder ses combats à Franco, il simulera le compliment obligé pour grincer entre ses dents sur cet «hijo de puta» perché, là-haut, dans sa loge. Antoñete se passionnait pour l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale et surtout pour la bataille de Stalingrad. Il admirait la résistance du peuple russe. Il posera même en uniforme de l'Armée rouge. Mais, plutôt qu'en mil