La première rencontre remonte à l’hiver 1993, sur les eaux calmes de la baie d’Angra do Reis qui baigne la Costa Verdeau sud de Rio de Janeiro. Un petit bijou de la nature qu’Ayrton Senna considérait comme son paradis sur Terre. Ce jour-là, sur les clapots de l’océan Atlantique, il avait confié à son neveu Bruno, alors âgé de 10 ans, le volant de son hors-bord. Tout en se racontant pour les besoins d’un documentaire, le triple champion du monde de Formule 1 couvait du regard ce petit bonhomme timide qu’il présentait comme celui qui pourrait bien prolonger l’aventure du nom Senna en F1. Ayrton avait vu juste, mais il ne pouvait imaginer les circonstances dans lesquelles son patronyme allait de nouveau résonner sur les Grands Prix.

Presque vingt ans plus tard donc. Pas de salon feutré d’un hôtel à la mode, pas l’appartement que Bruno Senna loue à Monaco, pas plus - hélas - la belle maison que sa famille possède toujours à Angra, où l’on pourrait s’asseoir dans un confortable fauteuil afin que Bruno nous raconte comment et pourquoi il est lui aussi devenu pilote avec, pour l’instant, l’unique ambition de le rester le plus longtemps possible. Le plus simple était de prendre rendez-vous sur un circuit. Ce qui fut fait à l’occasion du récent Grand Prix d’Inde.

On a beau croiser tous les quinze jours ce beau visage moucheté de discrètes taches de rousseur, apercevoir derrière la visière de son casque le regard sombre en tout point identique à celui de son oncle, voir passer sa silhou