L'événement sera passé inaperçu, mais la L1 a perdu une équipe mercredi : l'AC Ajaccio (ACA), 20e à cette date avec 8 (!) points, et toujours 20e après sa défaite de samedi (2-3) contre Lille en Corse. Perdu ? C'est le président du club, Alain Orsoni, qui l'a dit, à travers un communiqué rédigé depuis le Mexique où il se trouvait pour affaires personnelles : «La raison, à ce stade de déception accumulée, serait de préparer notre retour en L2 et de progresser d'ici là. Peut-être, mais progresse-t-on vraiment, rien n'est moins sûr… Nous devons, sinon nous sauver, au moins sauver notre honneur.»
Intense. On est parti aussi sec à Ajaccio comprendre cette histoire d'honneur. On est tombé des nues : un casse-dalle acheté en centre-ville et le vendeur qui vous dévisage : «Vous êtes le mec de Libération ?» Ce ne sera pas la seule fois. Partout ailleurs, on arrive et repart dans l'anonymat le plus complet. Pas en Corse. Tout compte. En 2006, le président d'alors de l'AC Ajaccio, Michel Moretti - qui s'est donné la mort depuis -, nous avait raconté son équipe comme suit : «L'idée, c'était de faire vivre un club en Corse qui ne gagne pas ses matchs dans le couloir qui mène au terrain.» Pour comprendre, il faut pousser plus au nord, à trois heures de route : le SC Bastia vient tout juste de retrouver son stade après un mois de suspension et on a vu des joueurs adverses refuser de rentrer dans leur vestiaire à la mi-temps d