Au Bar des sports ce matin, on commandera une tournée de caipirinhas et on trinquera à la mémoire de Socrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira, dit Socrates, mort hier à 57 ans. On en remettra une autre et on s’empaillera pour savoir si la Seleção dont il était l’emblématique capitaine au début des années 80 était la plus belle formation brésilienne de tous les temps. A la troisième tournée, on s’accordera pour dire qu’elle flamboyait drôlement avec, outre Socrates, Falcao et Zico. Et qu’elle restera, peut-être, avec la Hongrie de 1954, comme la meilleure équipe à n’avoir jamais remporté la Coupe du monde. On aura oublié combien de verres on s’est enfilés qu’on évoquera encore sa grande carcasse, sa musculature de crevette, son combo barbe et chevelure bouclée, son short moulant, son doigt pointé comme une baguette de chef d’orchestre, sa fausse nonchalance sur le terrain - ou peut-être était-elle vraie ? -, cette tête toujours portée haut, ces passes sublimes, ces buts somptueux, ce match désespérant perdu contre l’Italie au Mondial 1982 et son tir au but raté contre la France quatre ans plus tard…
«Démocratie corinthiane». On sera bourré comme il l'a souvent été - «l'alcool a toujours été un compagnon mais n'a jamais affecté mes performances», disait-il dans une de ces dernières interviews - et sans doute en est-il mort, mais après tout en tant que médecin, il savait ce qu'il faisait. On reboira tout de même un coup en pensant son frè