Loïck Peyron et ses équipiers devaient franchir vendredi soir la ligne d'arrivée d'un tour du monde entamé le 22 novembre. En un peu plus de 45 jours, ils mettent un sérieux coup de rabot au record du trophée Jules-Verne, établi en 2010 par Franck Cammas et ses hommes (48 jours 7 heures 44 minutes et 52 secondes). Quelques heures avant de couper la ligne, le skipper du maxi-trimaran avait confié à Libération ses impressions sur cette circumnavigation record.
Après un peu plus de 45 jours de mer, une image de ce tour du monde ?
Un galop filmé au ras des sabots avec les mottes de terre en suspension. Ça n’en finit pas de galoper. Avec un bateau normal on serait où, hein ? On finirait de traverser l’Atlantique, comme Tabarly, un truc comme ça. La vitesse comprime le temps mais le dilate aussi. C’est une impression très étrange d’aller vite, de se rendre compte que les dernières heures sont du coup les plus longues alors qu’on cavale comme des dingues depuis 45 jours. Je retiendrai l’image d’une cavalerie lancée dans la pampa mais filmée au ralenti.
Premier détenteur du trophée, votre frère, Bruno, avait mis 79 jours en 1993. Ça vous semble un autre monde ?
Ça me paraît lointain mais à l’époque la performance était tout aussi incroyable. En fait notre souci pourrait se résumer à une question : comment faire l’éloge de la lenteur pour ne pas se fracasser contre un mur du son tellement les capacités du bateau sont hors normes ? Sur la distance il y aura évidemment d’autres marins demain, qui pourraient aller aussi vite sur un bateau à l’identique. Mais je me dis aussi modestement qu’il y a quand même peu de terriens capables de supporter, tête baissé