Ils n'y comprennent rien. Une poignée d'ados ou postados - garçons et filles : les joueurs, leurs potes, leurs copines - siglés D&G, Vuitton ou The Kooples, sapés pour la bringue du samedi, attendent sans mot dire qu'une douzaine de CRS viennent les escorter jusqu'à leur voiture. Autour d'eux : des cris, des majeurs brandis, des insultes, «trop payés»,«cassez-vous»,«mouillez le maillot»… Au centre du groupe, le milieu congolais de l'AJ Auxerre, Delvin Ndinga, sourit ironiquement. Le grand défenseur Willy Boly est complètement figé.
Sombre héros. C'était samedi devant le stade de l'Abbé-Deschamps d'Auxerre, une heure après la défaite des locaux (1-3) devant l'AS Nancy-Lorraine. Un grand type en cravate arrive du parking : «Bon, dites-leur de se grouiller, si en plus on les attend des heures…» Le lourd équipement des CRS et les petits blousons courts D&G se mélangent à nouveau. Le Suisse Stéphane Grichting se hâte lentement, avec son fils de 6 ans dans les bras. Il sort du lobby attenant, où le milieu Edouard Cissé, avec un rien d'ostentation, prend son temps. Manière de dire : «Je sors quand je sors.» Déplié sur une chaise, le milieu Rudy Haddad scrute son iPhone d'un œil mort. Il est le sombre héros de la soirée. Sans jouer une seconde. Flash-back. On joue depuis soixante-huit minutes quand les Lorrains ouvrent la marque devant une formation locale absente, comme démembrée. La tribune Leclerc, où se situe le gros des groupe