C'est un vrai bagarreur de rue, pas né dans la soie. Sur les courts de tennis, c'est un avantage. Marko Osmakcic, 14 ans, est 8e européen dans sa catégorie d'âge. Il jure en bosniaque, sa langue natale. Son père, Franjo, l'encourage par de bruyants «Marko, Marko !». «Papa» applaudit les balles fautes de son fils pour influencer l'arbitre de chaise. Marko, grand brun aux coups sûrs et puissants, jette à son paternel des regards désespérés lorsqu'il rate. Quatre balles de matchs gâchées plus tard, Marko Osmakcic finira par gagner au tie-break une rencontre qui n'aurait jamais dû traîner en longueur. Est-ce à cause de son père ?«J'aime bien quand il est là, à l'entraînement. Il m'aide, confie Marko à l'issue de la partie. Mais au bord du court, je n'arrive pas à me concentrer, chaque mot qu'il dit me décontenance.»
Franjo Osmakcic a élevé ses deux fils, Marko et Mario (16 ans) comme Richard Williams a éduqué ses filles, Venus et Serena. Mario pointe à la 200e place européenne dès 16 ans. C'est lui le principal sparring partner de son cadet. Franjo n'a jamais touché une raquette de sa vie. Il n'a pas de quoi payer un coach à ses enfants.
Depuis trente ans, le tournoi des Petits As, à Tarbes, officieux championnat du monde des moins de 14 ans, en a vu passer des mômes comme Marko. Des (pré)adolescents courtisés et entourés de mille soins par leurs géniteurs ou leur proche parentèle.
Théo Gravouil, 13 ans, a commencé