Ce matin-là, dans un café proche du stade Mayol, des anciens préparent le déplacement. Ils ont arraché des places pour la finale, trouvé des billets de train, un hôtel. Reste à régler l'essentiel. Où on mange, samedi, à Paris ? Quelqu'un propose «des coquillages, en face de la gare de Lyon». Jean-Louis, 65 ans, beaucoup d'expérience, s'emporte : «Moi, je vais pas à Paris pour manger des coquillages ! Après le match, quand on aura gagné, là oui, je fais un festin. Mais pas avant ! Et pas des coquillages ! Faut vraiment être con pour aller manger des coquillages à Paris !» Les autres tables s'en mêlent, ça crie, ça rigole. La finale du Top 14, que le Rugby Club toulonnais (RCT) dispute samedi contre le Stade toulousain fait bouillir la ville. Ils ont été des centaines à faire la queue pour attraper une place au Stade de France. Mourad Boudjellal, le président, a passé son temps à rassurer les supporteurs. Comme un gosse, il regarde en boucle la demi-finale, s'angoisse pour la finale, rêve d'un retour gagnant qui renverserait Toulon. Le titre contiendrait un sacré poids de revanches. La ville revient de loin. Et entretient un rapport très spécial au rugby.
Années FN. Même si Nice a pesé un peu, il y a longtemps, le rugby reste, dans la région, un monopole toulonnais. Robert Téro, 86 ans, retraité de Var-Matin, explique ce qui unit ce sport et cette ville : «C'est ancré dans notre histoire. Des marins basques et catalans ont importé