La cité industrielle de Donetsk, un million d’habitants, étale ses immeubles gris au pied des terrils. Une statue de Lénine monte la garde sur les avenues poussiéreuses du centre-ville, à deux pas du stade du Donbass Arena.
Achevée en 2009, l'enceinte de 50 000 places a coûté près de 300 millions d'euros à l'oligarque le plus riche d'Ukraine. Une bagatelle pour Rinat Akhmetov, 13 fois milliardaire et 39e fortune mondiale selon le classement du magazine américain Forbes. A quelques kilomètres de Donetsk, c'est dans le centre d'entraînement ultramoderne de Kircha, où loge l'équipe de France durant l'Euro, que s'entraîne d'ordinaire le Shakhar Donetsk («mineur» en ukrainien), l'équipe qu'Akhmetov a repris en 1996, après l'assassinat du précédent président. Les citoyens de Donetsk sont fiers de leur club, sept fois champion d'Ukraine et vainqueur de la Coupe de l'UEFA en 2009, comme ils étaient autrefois fiers des mines et des hauts fourneaux. Les jours de match, des bus partent des usines pour rejoindre le stade. Mais les jeux ne sont pas suffisants pour manger, car à Donetsk, une colère sourde est en train de monter. Casque vissé sur la tête, deux ceintures de cuir qui enserrent la toile de l'uniforme, ils sont une quarantaine à descendre vers les entrailles de la mine de Krasnolimanskaya, à 80 kilomètres de Donetsk. Les visages sont graves, les conversations rares. Ces mineurs vont creuser le charbon à plus de 1 000 mètres de profondeur, cassés en deux dans