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Libération
Critique

L’Espagne veut l’Euro pour oublier l’euro

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La situation financière des clubs est à l’image de l’économie nationale : proche de la faillite.
publié le 13 juin 2012 à 21h46

En Espagne, malgré la (fausse ?) modestie des joueurs et de l'entraîneur, il règne un climat d'euphorie autour de la Selección qui a démarré dimanche contre l'Italie (1-1) la quête d'un triplé Euro-Mondial-Euro inédit. Au point que le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, menacé d'une intervention européenne vu la désastreuse situation des banques, a lancé au coach : «Gagnez l'Euro, nous en avons bien besoin.» Mordante ironie de l'histoire : si la Roja (la Rouge, surnom de la sélection nationale) plane sur un petit nuage, les clubs espagnols, eux, sont au diapason de l'économie espagnole. Financièrement exsangues.

Vingt-trois clubs de première et deuxième divisions sont en cessation de paiement, et risquent la banqueroute pure et simple. La dette globale des clubs espagnols envers le fisc s’élève à 752 millions d’euros. Elle a gonflé de 150 millions en un an. A lui seul, l’Atletico Madrid, récent vainqueur de la Ligue Europa, affiche une ardoise de 215 millions d’euros.

«Comble». En mars, cette situation faisait rugir Uli Hoeness, le président du Bayern Munich : «C'est le comble. Nous payons des centaines de millions d'euros à l'Espagne pour la sortir de la merde [la crise, ndlr] et de l'autre côté des clubs ne payent pas leurs dettes. Ça ne peut pas continuer comme cela !»

A l'image du pays, le foot espagnol a vécu au-dessus de ses moyens pendant les Quinze Glorieuses. Il paye la douloureuse aujourd'hui. Joueurs et fournisseurs non pa