Clope au bec et mal rasé, le patron de l'Emilton Café l'assure : «La Grèce est une nation sportive.» Même en plein jour, son établissement, dans le quartier d'Ambelokipi au centre d'Athènes, évoque plutôt l'annexe d'une boîte de nuit, avec sa déco en laque noire, sa musique tonitruante et ses jolies serveuses aux shorts très serrés. Le bar dispose d'un coin de trottoir, juste en face, sur la place. D'un geste ample, le patron désigne une poignée de chaises et de tables à l'ombre d'une petite église byzantine : c'est là qu'il dressera ce soir un écran géant pour la retransmission du match Allemagne-Grèce. Pas question de rater la grande soirée, surtout à une époque où, crise oblige, les clients se font rares. «Il y aura beaucoup de monde», promet-il tout sourire, avant de hausser les épaules devant l'évidence : «Eh ! Ce n'est pas un match comme les autres.»
Bravoure. Déjà surpris et ravis d'arriver en quart de finale, les Grecs vont-ils réussir à battre les Allemands et… les bouter hors de l'Euro ? Le parallèle est presque trop facile : en deux ans de crise sans précédent, l'Allemagne d'Angela Merkel a toujours été le pays le plus critique et le plus intransigeant à l'égard de la Grèce. Dès mars 2010, la chancelière a évoqué la possibilité d'une sortie de la zone euro pour le mauvais élève hellène, tergiversant si longtemps sur l'aide à apporter à ce petit pays aux abois, dont l'endettement a encore été alourdi par la spéculation et