ABraives, dans la province de Liège, au kilomètre 46,5 de l'étape d'hier, un panneau donne le ton de ce qui va suivre : «Rétablissons le cantonnier dans notre village.» Le cantonnier, le vrai, celui qui reste des heures avec les mains posées sur le manche. Pas le cantonnier diplômé de Polytechnique qui ne jure que par le rétrécissement de la chaussée. Hier, le Tour a été accueilli avec une ferveur joyeuse qui a mis la larme à l'œil aux croque-morts des pompes funèbres Dumoulin qui ont salué ce cortège en levant leur verre de bière. Car Braives est connue, outre pour ses deux funérariums qui se font face et qui se sont lancés dans une concurrence féroce, pour sa fameuse chaussée romaine qui traverse ces terres grasses et ces champs de froment.
Cauchemar. Mais depuis l'an passé, Braives vit un terrible cauchemar. L'administration provinciale, qui voulait bien faire, et aussi faire d'une pierre deux coups en flattant le Tour, a été prise d'un délire de cantonnier en rétrécissant la chaussée romaine que devait emprunter le Tour en venant de Faimes. Se basant sur la statistique qui dit que plus une route, pardon une chaussée romaine, est étroite plus la sécurité des chars romains est assurée. Malgré ces certitudes chiffrées, les accidents se sont pourtant multipliés. A Braives, on ne pas fait de statistiques, mais on sait que faire passer deux voitures dans le chas d'une aiguille par brouillard, ou par exemple 198 vélos dans un entonnoir, ne tient pas du