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Libération

Rouen fait un Tour de fête à Anquetil

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La ville honore son cycliste, mais l’intéressé y retrouverait-il son vélo ?
publié le 3 juillet 2012 à 21h16

Jacques Anquetil est mort il y a vingt-cinq ans, et pendant deux jours, Rouen va honorer sa mémoire. S'il revenait sur le Tour de France, dont il fut le premier quintuple vainqueur, le changement le tuerait certainement sur le coup. «La seule question qui vaille est : Anquetil se serait-il plié à la norme du vélo d'aujourd'hui ?» interroge Raymond Poulidor en laissant place à un sourire comme toute réponse. Qu'aurait-il découvert, le Jacques ? Une foire aux puces géante avec des camelots qui vendent des téléphones portables et les rois du rasoir jetable au village départ. «Ça, il l'avait plus ou moins vu dans les années 80, dit Poulidor. Mais c'était pas ça qui le travaillait : c'était l'argent qu'on donne à des coureurs qui ne le méritent pas forcément.» Mais, Raymond, le pognon, Anquetil n'a jamais craché de dessus ! Mieux, il le revendiquait : «Je ne cours pas pour des médailles, mais pour de l'argent», disait-il. Quel champion l'ouvrirait ainsi ? Cadel Evans ? Bradley Wiggins ?

Dans un Tour, voire un cyclisme, qui se normalise sous la poussée des comportements hygiénistes, célébrer Anquetil, cet homme qui tenait du mystère animal, exigera qu’on nettoie les trottoirs des crottes de chien et des puissants jets d’urine. D’une main, Anquetil peignait des chefs-d’œuvre et de l’autre guidait le volant du tracteur. Le soir il buvait, mangeait et puis découchait. Célébrer Anquetil ? Il faudra que le Tour mette des housses de salon et distribue