Menu
Libération
Interview

«L’olympisme n’a jamais été un progressisme»

Article réservé aux abonnés
Les dessous du stadedossier
Dossiers liés
L'historien Patrick Clastres revient sur l'utilisation politique des JO à travers l'histoire. A Londres, le débat pourrait se focaliser sur le port du voile islamique dans les arènes sportives.
Le président du CIO, Jacques Rogge, en 2009 (Photo Ruben Sprich.Reuters)
publié le 26 juillet 2012 à 12h10

Universalité et fraternité. Ce sera le leitmotiv du Comité international olympique (CIO) durant la quinzaine des Jeux de Londres. Une ode béate qui ne doit pas faire oublier que l’institution de Lausanne a

«toujours été à la remorque de l’histoire»

, comme l’explique l’historien Patrick Clastres (photo DR). Premier volet de notre entretien, consacré à l’utilisation politique des Jeux et au débat sur la

dans les arènes sportives.

Les Jeux de Pékin en 2008 avaient été marqués par de nombreux débats sur les droits de l’homme. Peut-on s’attendre à une nouvelle irruption de la politique cette année ?

Dans son histoire, le mouvement olympique a été confronté à trois offensives de nature politique. L’offensive nationale-socialiste des dictatures brunes, lors des Jeux de Berlin en 1936. L’offensive stalinienne, à partir des Jeux de Melbourne en 1956 jusqu’au double boycott de 1980 et 1984. Si les Nazis avaient utilisé la faiblesse de la neutralité olympique à leur avantage, les Soviétiques ont été plus malins en disant que l’universalisme des Jeux était une expression de la solidarité prolétarienne. Aujourd’hui, la politique est présente par le biais de l’offensive théocratique. Dans l’esprit des fondamentalistes, le religieux fusionne avec le politique, le culturel, et le social. Ce mouvement est actuellement représenté aux Jeux par les musulmans - je pense à la question du voile dans les stades - mais il pourrait tout à fait être récupéré par les bouddhistes, les juifs etc.

Comment des revendications politiques pourraient-elles s’exprimer à Londres ?

Par les athlètes, je n’y crois guère. L’histoire a montré les limites de l’exercice, notamment quand les sprinteurs noirs américains John Carlos et Tommie Smith avaient été