Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface vient de publier JO politiques (1).
L’apolitisme des Jeux est-il un mythe ?
C’est un mythe, et surtout une grande hypocrisie. Dès le départ, les Jeux sont politiques, puisque Pierre de Coubertin avait pour objectif la réconciliation des nations par le sport. Si ce n’est pas un objectif politique… Il avait aussi un autre but, un peu moins noble et vertueux : la revanche contre l’Allemagne. La défaite de 1870 était fortement attribuée à la meilleure préparation physique des soldats allemands grâce au sport. Coubertin pensait qu’en préparant physiquement la jeunesse française, il l’aguerrissait. Il voyait double : un œil sur l’universalisme, un autre sur la ligne bleue des Vosges.
Quels furent les Jeux les plus politiques ?
Il faut se demander quels sont ceux qui ne l'ont pas été. Hormis les Jeux de Berlin, en 1936, et le choc entre l'athlète noir Jesse Owens et Adolf Hitler, si je ne devais retenir qu'un événement olympico-politique, ce serait le poing levé de Carlos et Smith en 1968 à Mexico, parce qu'il signifie que le sport n'est pas un opium du peuple, mais qu'il peut être un révélateur de revendications politiques. A une époque où les télévisions étaient moins présentes, ce geste a tout de même eu un retentissement mondial et révélé toute l'hypocrisie du Comité internationale olympique [CIO], qui n'avait rien dit lors du massacre par l'armée de plus de 300 étudiants dix jours avant les Jeux, pour ne pas mélanger sport et politique, mais qui allait