Bien loin des petites manifestations du début du XX
e
siècle, les Jeux olympiques sont devenus un business colossal, où les intérêts économiques prennent parfois le pas sur les enjeux sportifs. Grâce à l'édition londonienne, le Comité international olympique (CIO) raflera plus d’1,6 milliard d'euros en termes de sponsoring, et quasiment 4 milliards en droits télés. Dans le second volet de notre entretien (
), l'historien Patrick Clastres (photo DR) analyse la part prépondérante des enjeux économiques lors des JO.
La devise historique du CIO, «Plus vite, plus haut, plus fort», est-elle toujours d’actualité ?
Non, le CIO a compris que cette devise ne l’inscrivait que dans la performance et la compétition. Or, les jeunesses du monde tendent à se détourner de la pratique sportive traditionnelle, des «vieux» sports olympiques. Elles préfèrent les disciplines de glisse, les jeux vidéo... Il y a un risque, pour le CIO, de voir se tarir son réservoir de téléspectateurs. C’est pour cette raison qu’il tente, depuis quelques années, de renouveler son stock de valeurs, autour de notions comme la joie de l’effort, le fair-play, le respect des autres, la recherche de l’excellence, et l'équilibre entre le corps, la volonté et l’esprit. Comment contester ces valeurs en soi ? Le problème, c’est qu’elles donnent lieu à une forme de propagande. Par le biais de son programme d'éducation aux valeurs olympiques, le CIO produit ainsi depuis 2007 un manuel d'éducation clés en main, qui est distribué dans les pays pauvres. Mais que des systèmes éducatifs soient reconstruits par un lobby