C'est dans une église que Brice a vu la vierge. A Biarritz, en 1985. Elle ne portait qu'un short de bain, ressemblait à un Bee Gees et surfait sur une planche rouge. Brice ne se drogue pas. «Il y avait souvent des mecs qui projetaient leurs films de surf à l'église Sainte-Thérèse. Ce soir-là, ils ont passé Free Ride [de Bill Delaney, 1977], ça racontait l'histoire d'une bande de surfeurs qui passaient par Hawaï, l'Australie, l'Indonésie… Et c'est devant leurs images en 16 mm que je suis tombé amoureux d'une vague. Padang, à Bali, une vague turquoise qui déferlait en tube. Une vague parfaite.» Brice a 50 ans aujourd'hui, mais sa voix en tremble encore. A l'époque, il attrape sa planche, chope un billet d'avion et file rejoindre sa balinaise bleue. Il compte y rester quelques semaines. Il y est encore vingt-sept ans après.
Son histoire n'a rien d'extraordinaire, c'est celle de milliers de surfeurs en quête de la vague parfaite. Depuis soixante ans, cette vague fantasmée nourrit le mythe du surfeur aventurier, explorateur de contrées secrètes à la recherche d'une houle qui déferlerait au ralenti du large jusqu'à la plage. Une légende qui tient de la quête du Graal, du «précieux» (à prononcer avec les yeux brillants et un sourire inquiétant), et qui doit beaucoup à un film de Bruce Brown sorti en 1966, The Endless Summer («l'été sans fin»). Un concept magnifique vécu par deux Californiens qui décident de suivre les vagues et le soleil autour du globe.