Sur le podium, le Slovaque a le geste lent, le regard triste. Michal Martikan, 33 ans, semble porter toute la peine du monde, en même temps que sa médaille de bronze en canoë slalom monoplace. A ses côtés, le Français Tony Estanguet, 34 ans, vient de décrocher sa troisième médaille d'or dans la discipline. Une de plus que lui. Les deux hommes se tirent la bourre depuis si longtemps. A la fin de la Marseillaise, le Français se tourne vers l'éternel rival et lui serre la main, plus longtemps que d'ordinaire. Ils savent qu'ils soldent là une très vieille histoire.
Michal Martikan se fade la famille Estanguet depuis un moment. Avant Tony, il y avait eu son frère Patrice. Les deux frangins avaient été initiés par leur père, Henry, décédé en 2005, qui descendait ses rivières des Pyrénées à la pagaie au moment de la fonte de neiges et qui a filé le virus à ses mômes, en les traînant très jeunes dans l’aventure, avec la caravane, les bateaux sur le toit. En 1996, Patrice (39 ans à présent) se qualifie pour les JO d’Atlanta et décroche le bronze. Laissant l’or à Martikan, déjà. Quatre ans plus tard, il espère prendre sa revanche à Sydney, mais son petit frère lui passe devant, se qualifiant pour trois petites secondes. Il y décroche alors à 22 ans sa première médaille d’or. Contre Martikan, toujours.
Lire l'eau. Les deux hommes sont très différents. Deux types brillants, autonomes, qui s'entraînent en marge du système. Michal est plus petit, râblé, avec un cen