On annonçait Mozart hier à la North Greenwich Arena de Londres. Le Japonais Kohei Uchimura (23 ans), virtuose des agrès, disputait la finale du concours général de gymnastique artistique, discipline qu’il survole (presque littéralement). Le phénomène semble danser, voler aux barres et aux anneaux, au sol et au saut - un peu moins au cheval-d’arçon. Mais hier, quand les athlètes débarquent, avant le début de la compétition, il paraît se cacher. Garde ses mains dans les manches de son survêtement, ne les sort que pour écarter les mèches qui lui barrent les yeux. Drôle de garçon. Il est frêle (1,61 m, 57 kilos), a de faux airs de Michael Jackson, la coupe de Paul McCartney, et d’épaisses touffes de poils noirs sous les bras qui apparaissent une fois le survêtement ôté.
Audace. L'échauffement démarre, il prend sa première impulsion, et quelque chose de fluide, d'assez pur, se met en place. Les autres laissent apparaître le travail de leurs muscles, rendent perceptible la difficulté des mouvements. Les siens restent naturels. Aux anneaux, ses bras ne tremblent pas. Ce garçon semble réussir une croix de fer comme on fait la sieste. Il ne donne jamais l'impression de faire des efforts. C'est aérien, il y a de la grâce, de la sensibilité, de l'évidence. «Il est capable de faire des choses incroyablement difficiles, mais elles paraissent faciles lorsqu'on le regarde faire», résume le coach américain.
Uchimura a démarré tout petit, dans la salle de sport que se