La folle cavalcade de la Britannique Gemma Gibbons s'est arrêtée lors de la finale des moins de 78 kilos, remportée par l'Américaine Kayla Harrison. Elle avait cependant eu le temps auparavant de ressusciter un fantasme très anglais, celui d'un mélange de fighting spirit et d'exaltation patriotique pouvant permettre à un outsider intégral de toucher un métal - l'argent hier - olympique.
Hier matin, Gemma Gibbons était cotée à 160 contre 1. Quelques heures plus tard, elle faisait craquer, sous les yeux de son Premier ministre, David Cameron, la Française Audrey Tcheuméo (championne du monde en titre, en bronze hier) au physique et au mental - deux domaines où la tricolore est pourtant imbattable - en demie.
Mais d'où sort Gibbons, jamais titrée chez les juniors et dont la meilleure performance avant cet été demeurait une lointaine 5e place au tournoi de Tokyo en 2009 ? D'un projet. Il y a quatre ans, en prévision des Jeux, la Fédération britannique a lancé une cellule d'excellence à Dartford dans le Kent, ce qui a contraint les cadres fédéraux à ratisser large, tant le judo anglais est en souffrance depuis vingt ans. Il y a quelques mois, après des Mondiaux 2011 ratés, la Fédération virait tout le monde, dont le Français Patrick Roux, responsable de la structure. La médaille de Gibbons est donc comme la lumière d'une étoile déjà morte, l'écho lointain d'une histoire terminée. La judokate a continué à voir en douce son coach d'alors, la Japonaise Yuko Nakano.