Bolt ou Blake ? La question court d'un siège à l'autre dans les travées du stade olympique. Usain ou Yohan ? Le recordman du monde du 100 m ou le champion du monde en titre ? En coulisses, un homme observe le débat avec une confortable neutralité. Glen Mills entraîne les deux sprinteurs jamaïcains. Dans les deux cas, il gagne. Et, jure-t-il sur la Bible, n'a aucune préférence. «Je les aime de la même façon», glisse cet ancien prof de maths à la bouille ronde et lisse comme une boule de bowling.
A 62 ans, Mills a cessé depuis longtemps de se laisser entraîner dans le jeu des pronostics. «Usain détient le record du monde [9"58, ndlr], mais Yohan possède le meilleur chrono de la saison [9"75]», se borne-t-il à répéter. Avant de suggérer, avec des mines de farceur, heureux de son effet : «On me demande souvent de les comparer. Je dirais que l'un est grand, l'autre plus petit.»
Obsession. Gamin, Glen Mills se rêvait en sprinteur. Pour avoir grandi en Jamaïque, il s'était laissé bercer par le récit des plus grands athlètes du pays. A 13 ans, lassé de rentrer à la maison les poches pleines de la honte de ses échecs, il remise ses pointes. Trois ans plus tard, il embrasse la carrière de coach. Il débute comme adjoint, au lycée, puis grimpe les échelons. A 18 ans, il s'offre un billet pour les Jeux de Mexico. Il observe. Il écoute. «Une révélation», résume-t-il. A Londres, Mills vit ses septièmes Jeux. Les derniers ? «A Dieu de d