Avant 2008, s’il avait fallu miser un billet sur un Français en Grand Chelem, peu d’observateurs auraient parié sur Jo-Wilfried Tsonga. Trop souvent blessé, peut-être un peu impressionné aussi chez les grands, le petit (1,88 m et 95 kilos, quand même) avait du mal à faire son trou. Du coup, lorsqu’il était question de parler des espoirs français, micros et appareils photo se tournaient toujours vers Gaël Monfils et Richard Gasquet.
Jo-Wilfried a 22 ans lorsqu'il arrive à Melbourne pour disputer le deuxième Open d'Australie de sa carrière. Manque de chance, le tirage lui sert un client d'entrée, le Britannique Andy Murray, 9e mondial. C'est ce premier tour qui va tout déclencher. Le sujet de Sa Majesté est balayé, Tsonga est lancé. Il joue un tennis de rêve, sert le plomb et dégaine la machine à coups droits au moindre danger. Les têtes de série tombent les unes après les autres : au troisième tour, García-López prend 6-3, 6-4 et 6-2. Gasquet réussit à arracher un set mais s'incline sous la puissance de celui que les médias appellent déjà «The Greatest», en référence à Mohamed Ali dont il serait le sosie.
Tsonga impressionne de sérénité, il est le seul à ne pas être surpris, apparaît sûr de lui, même quand les gestes flanchent, qu'il oublie de plier les jambes et s'emmêle les pinceaux dans son déplacement. En demies, il affronte Nadal et lui colle la plus grosse fessée de sa carrière : 6-2, 6-3 et 6-2, en moins de deux heures de jeu. En quittant le court, l'Espagnol