L'eau virevolte et ses pieds dansent en cadence et dans un même élan s'entrechoquent avant de disparaître. Telle une ballerine qui a transformé l'eau en scène, Natalia Ishchenko s'approprie cette piscine de Melbourne. Une note de 99 vient saluer sa prestation et lui octroyer son troisième titre mondial, le premier en solo. Nous sommes en 1997. Depuis, la native de Smolensk en a conquis 13 autres. Pourtant, en 1991, les sergents recruteurs de la natation synchronisée russe n'avaient pas cru en elle. «Pas assez souple, aucun avenir de la discipline», tranchent-ils quand la gamine de 5 ans se pointe à la piscine pour des tests.
Depuis, de l'eau a coulé dans les bassins et Natalia Ishchenko a passé des milliers d'heures à l'entraînement. Jusqu'à dix heures par jour. Elle détaille : «Lever à 7 heures parce que l'entraînement démarre à 8 heures du matin. Trois heures et demie dans l'eau, dont une et demie à deux heures de chorégraphie. Ensuite, massage et puis sieste pendant à peu près deux heures, comme quand on était petite. L'effort physique est intense, ton corps s'essouffle, tu te déconnectes. D'autant que les nuits sont courtes. L'entraînement se termine vers 22 heures. Le temps de dîner, puis de te relaxer après l'effort et de rejoindre ton lit. Et c'est comme ça tous les jours.»
Et le travail finit par payer. En 2004, elle fait son apparition sur la scène internationale. A 18 ans, elle décroche l'argent européen en solo. Mais ce métal ne la satisfait pas. «