Sally Pearson respire la simplicité. Un physique sans histoire, petit bout de femme au visage anguleux, les cheveux blonds serrés dans une tresse, musclée mais sans excès. Un parcours linéaire. En Australie, elle habite une maison non loin de la plage, sur la Gold Coast. Elle a épousé son amour de lycée, Kieran, un plombier du Queensland. Depuis ses débuts à 13 ans, après un essai en natation et un détour par la gymnastique, elle n’a jamais changé de coach. Seule «fantaisie» : l’entraîneur en question, Sharon Hannan, est une femme, l’une des rares à vivre de son sport dans l’athlétisme australien.
Mais Sally Pearson a choisi une épreuve, le 100 m haies, à l'art complexe et la pratique truffée de pièges. Une discipline où les dix obstacles imposent de réduire sa foulée sans perdre sa vitesse. La gestuelle y est mécanique, la faute impardonnable. Goût du paradoxe ? L'Australienne a seulement changé le 100 m haies en une science exacte. Un truc simple, à son image. L'an passé, elle a couru 32 fois sur la distance. Bilan : 31 victoires. «A Bruxelles [un meeting, ndlr], je n'avais pas gagné, mais j'étais tombée», précise-t-elle.
Les échecs, la jeune femme de 26 ans, les compte sur les doigts, mais une seule main lui suffit. En Australie, elle n'a plus été battue en compétition depuis sept ans. «Avant, je n'avais été devancée qu'une seule fois par une fille», raconte-t-elle, en donnant à ses réponses le même rythme endiablé dont elle enveloppe ses courses.