En fin d’après-midi, Renaud Lavillenie prendra son sac de perches, ses pointes et son dossard. Il empruntera d’un pas décidé le long couloir du Stade olympique, puis il rejoindra, de la même allure impassible, le sautoir posé dans le virage. A quelques minutes de disputer sa première finale aux Jeux, le Français oubliera l’inutile, son passé, pour ne penser qu’à l’essentiel, l’instant présent. Il laissera dans la chambre d’appel son étiquette de favori, sa place de numéro 1 au bilan mondial (5,97 m), son titre européen ramené début juillet d’Helsinki, ses onze concours victorieux consécutifs au cours des douze derniers mois. Et il se répétera, comme on récite un psaume, qu’il n’est qu’un perchiste comme les autres, un parmi les 14 finalistes.
«Favori, c'est vous qui le dites, a-t-il suggéré devant la presse, en début de semaine. Moi, je vais aborder le concours comme un perchiste, rien d'autre.» Son entraîneur, Damien Inocencio, le sait par expérience : «Le saut à la perche est une discipline aléatoire. L'oublier peut conduire à certaines désillusions.» Sergueï Bubka, l'homme aux 35 records du monde et aux 6 titres planétaires, en est la preuve vivante. L'Ukrainien plonge le regard dans ses chaussettes lorsqu'il doit présenter ses états de service olympiques : une seule médaille d'or, aux Jeux de Séoul en 1988.
Depuis ses débuts dans la discipline, à l'âge des parties de billes et des tables de multiplication, Renaud Lavillenie n'a jamais osé regarde