Le foot moderne recèle une variété de chausse-trapes que l’on n’imagine pas. A un bout du spectre : le stade Armand-Cesari de Bastia et ses quatorze rapports des délégués de la Ligue sur dix-huit matchs la saison passée. A l’autre bout : le stade du Moustoir à Lorient, où les champions de France montpelliérains se sont fait tordre (2-1, deux buts bretons dans les arrêts de jeu) samedi. Le coach héraultais, René Girard, en a oublié de s’exprimer devant la presse, pour la première fois depuis 2009. Certains présents se sont insurgés. Pas nous : un entraîneur qui ne parle pas, c’est aussi un entraîneur qui ne ment pas.
Et puis, le Moustoir, ce n'est pas simple. Il y a d'abord les spectateurs : le dernier fumigène tiré qui remonte aux années Mitterrand, des petites têtes blondes partout pour le public le plus familial de France, un rêve de marketing footballistique. C'est au cœur de la seconde période, quand Montpellier menait tranquillou, que l'affaire nous est vraiment tombée dessus : une vieille dame, 80 ans bien sonnés, s'est penchée par-dessus une rambarde pour nous expliquer le foot. Ça donnait : «Ce terrain synthétique, c'est du plastique. Et ils l'ont arrosé [pour accélérer le jeu, ndlr]. Donc, les joueurs doivent se casser la figure. Et bien c'est ce qu'ils font depuis le début : ils se cassent la figure.» Moins qu'ailleurs : le foot sur synthétique se pratique debout, sans tacle, ce qui donne au joueur lorientais un côté immaculé en rapport avec le cad