L'armoire aux souvenirs du cyclisme français en est pleine, d'espoirs déchus et de dégringolades plus ou moins piteuses. Depuis le mois de juillet, Thibaut Pinot est le nouveau porteur d'un maillot qui a plus souvent paralysé que sublimé : celui du «Français vainqueur potentiel du Tour». Le benjamin de l'épreuve, 22 ans, a bouclé l'édition 2012 avec une victoire d'étape et une dixième place au classement général. Suffisant pour que l'Equipe titre, au surlendemain de l'arrivée sur les Champs-Elysées, «Pinot gagnera-t-il le Tour ?». Obsession d'un cyclisme français qui se cherche un successeur à Bernard Hinault depuis 1985.
C'est dans un hôtel de la banlieue liégeoise que l'on a rendez-vous avec l'élu. Deux mois après ses coups de pédale victorieux, qui va-t-on rencontrer ? Un gamin flambeur (trop) conscient d'être the next big thing ou un cycliste mathématicien, qui ne vit que pour ses pics de forme estivaux des dix prochaines années ?
Rien de tout ça. Thibaut Pinot s’apprête à jouer les porteurs d’eau pour un coéquipier, le lendemain, sur les routes ardennaises. L’homme n’est pas grande gueule, plutôt tête en l’air. Du genre à donner ses coordonnées en vous tendant son smart phone ouvert à l’onglet «mon numéro».
Avec son accent franc-comtois un peu traînant, Pinot ne déroge pas de sa ligne modeste : «Pour moi, le top 10, c'est déjà très bien. Faire un podium serait énorme.» Le routier de la FDJ-BigMat a bouclé la course à dix-sept minutes du vainqueur