Chez les Armstrong, on appelait l'EPO «le beurre», rapporte l'ancien cycliste Jonathan Vaughters. Logique, donc, qu'à la maison, Lance Armstrong la range dans le frigo, «à côté du lait», comme le précise Tyler Hamilton, autre coureur à la retraite. Dans leurs témoignages rendus publics mercredi, Hamilton, Vaughters et les autres, pour beaucoup ex-coéquipiers du grand Lance, racontent le train-train du dopage, et offrent un formidable voyage dans cette usine à shoots.
«A cause de mon dopage, j'ai vécu pendant si longtemps une double vie pleine de mensonges qu'en parler aujourd'hui me libère et me purifie», indique Hamilton. Georges Hincapie, 39 ans, vient de prendre sa retraite sportive. Principal lieutenant d'Armstrong, il n'avait jamais parlé jusqu'à présent. Mais il est «sans animosité» et continue d'admirer le boss. «On a fait les mauvais choix, mais nous estimions qu'ils étaient justifiés. Je ne condamne pas Lance pour les avoir faits et je ne veux pas être condamné non plus.»
«Du maquillage». A l'US Postal, on appelait l'EPO «Poe», ou «Edgar», référence à Edgar Allan Poe - nos amis cyclistes ont des lettres. Ceux qui ne prennent rien sont réputés au «pan y agua», au pain et à l'eau. Pas le cas des coureurs de l'US Postal. Eux ont d'autres problèmes, selon Frankie Andreu. En 1999, au Tour de France, Armstrong constate «un petit hématome au bras, à un endroit où il s'était injecté»