Fabrice Pellerin a des paroles posées, pesées. Son élégance est aussi sobre que son personnage alors qu'il pourrait savourer sa nouvelle situation d'entraîneur doré de la natation tricolore. Trois de ses nageurs sont rentrés de Londres, une médaille d'or autour du cou et si le jeune frère Manaudou n'avait pas frappé sur 50 mètres, ce quadra réglé comme du papier à musique aurait réalisé le Grand Chelem. Mais Pellerin pince déjà d'autres notes, calées sur d'autres mouvements, d'autres désirs. Pour ne pas sombrer dans ce spleen auquel le sport hexagonal est bien trop habitué. «Je me retrouve dans une zone de danger, dit-il. Les postvictoires ne sont pas toujours réussies par les champions français. Comme s'il y avait une certaine illégitimité à gagner. Quand Phelps perd, tout le monde est surpris. Quand la France gagne, les équipes sont surnommées les braqueuses ou les barjots. L'astuce, c'est de considérer que ce qu'on a fait est normal.»
Quand Fabrice Pellerin est arrivé au club de Nice il y a douze ans, Yannick Agnel, Camille Muffat et Clément Lefert n'étaient que des gamins, déterminés et talentueux. Ils ont grandi ensemble jusqu'à l'apothéose de cet été. «On a tous mis sur la table nos désirs. Ils se rejoignaient, raconte-t-il. C'est pour ça qu'on y est arrivé. Je ne me suis lancé dans cette profession qu'en pensant à cette finalité-là. Les nageurs eux-mêmes sont dans une logique d'élitisme. Ils voulaient aller au bout de leur quête. Mission accomplie.»
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