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Libération

«C’est l’heure des mots forts et du réconfort»

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par Marc Guillemot, (Equipe Safran)
publié le 15 novembre 2012 à 20h16

Un petit tour et puis… plus rien ! La partition est, depuis quatre ans, répétée en solitaire, en double ou encore en équipage, les instruments pour la jouer me sont familiers. La tête est bien concentrée sur le sujet, tous les voyants sont au vert pour s’élancer avec sérénité et confiance dans ce Vendée Globe 2012. C’est magique de larguer les amarres pour contourner l’Antarctique, les liens tissés à terre restent derrière, la route devant est à construire. Nous sommes le 10 novembre 2012, il est 13 h 02, le départ est lancé. Pas celui que l’on prend à chaque régate d’entraînement mais celui qui n’est donné qu’une fois tous les quatre ans, calé sur le cycle d’une olympiade. Celui qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer, tant l’engagement, la passion et l’effort s’imposent aux skippers pour se lancer sur un Vendée Globe.

Le mien a été si court qu’à peine les voiles réglées et la terre disparue, ma course s’arrête et je dois rentrer avec un bateau bien handicapé. Rien n’est visible de l’extérieur. A l’appel, il manque juste la quille, la fameuse. Sans elle, la stabilité devient hasardeuse et les performances impossibles. Envisager de continuer est impensable. En 2009, j’ai dû naviguer sans cet appendice pendant les huit derniers jours de course. Je n’avais d’autre choix que de regagner les Sables-d’Olonne pour terminer mon parcours riche en aventures.

Là, en un instant, tout s’écroule. On imagine devenir le centre de son monde éphémère, sans que personne autour ne puisse inte