Un lundi, 10 heures du matin, quartier de Gerland, sud-ouest de Lyon : 21 filles en short bleu marine ont rendez-vous. Elles se recoiffent, lacent leurs crampons et remontent jusqu’au menton la fermeture Eclair de leur blouson. Il fait froid, l’herbe est encore trempée de rosée. Autour, les gradins en béton forment une enceinte grise, comme le ciel. Les filles rient, leurs mollets frissonnent, elles entrent sur le terrain. Un homme les attend. Les joueuses forment un cercle autour de leur entraîneur.
Louisa Nécib, 25 ans, porte de longs cheveux bruns. Quand elle court, ils flottent dans son dos et balayent le numéro 10 inscrit sur son maillot. Milieu de terrain, comme Zidane. «Ziza» est elle aussi d'origine algérienne et a grandi dans les quartiers Nord de Marseille, où «à chaque coin de rue, dit-elle, ça joue au foot». Elle a 11 ans quand son idole devient champion du monde. «La comparaison est facile et très flatteuse, mais elle n'a pas lieu d'être», rétorque-t-elle. Pas de grandes, ni de longues phrases. Autre point commun : la timidité. Louisa n'est pas du genre à se confier.
Petite fille, elle regarde les matchs de foot à la télévision avec son père, électricien. Elle se destine alors à la gymnastique, qu'elle pratique pendant cinq ans. Cheval-d'arçon, barres asymétriques, poutre… Louisa Nécib délaisse finalement les agrès pour le foot, hypnotisée par les passements de jambes de Zidane. Une vocation naît, sortie de l'écran. En bas de son immeubl