Lors du Vendée Globe 2008, ce n’est qu’à partir de la troisième semaine que je me suis senti totalement en osmose avec mon bateau. C’est également le temps nécessaire pour que les priorités et les tracasseries de la vie à terre deviennent secondaires : administratif, courrier, chantier, impôts, journaux, boulot, métro, bulots, tourteaux. En moins de trois semaines, rien de ce qui se passe à bord, autant à l’intérieur que sur le pont, ne nous échappe. Il m’aura fallu attendre ces quinze à vingt jours pour comprendre et traduire tous les sons de la carène, du gréement, des appendices et tout simplement de la mer.
Nos machines sont de puissantes génératrices à décibels, plus ou moins aigus. L’oreille finit par s’y habituer. Mais c’est une certitude : en course, ces bateaux dégradent nos facultés auditives, qu’on l’entende ou non !
Trois petites semaines suffisent donc à un sevrage en bonne et due forme des habitudes de terriens. Et dès cet état atteint, tout change au quotidien. Le sommeil s’améliore et gagne en qualité, la musique s’écoute et s’apprécie, le plongeon dans un livre devient possible, puis nécessaire même pour quelques minutes. Tous nos sens sont en veille, rien ne nous échappe, le bateau nous appartient, la mer aussi. Du moins, c’est ce que l’on croit. Il devient possible de s’évader en restant à l’écoute de notre univers bruyant. Nous continuons notre course avec le petit plus qui permet de mieux apprécier le temps qui s’écoule le long du sillage.
Je ne veux surtou