«J'ai mal vécu les critiques à l'égard de Yoann depuis trois ans. Insupportable. Ce n'est pas à moi de le dire mais à la suite de ces "expériences", il a mûri. Du coup, il a mieux compris et il se retrouve dans ce que je suis.» Christian Gourcuff, 57 ans, l'entraîneur du FC Lorient (FCL), fait d'une pierre deux coups : il défend son fils,poster boy passé par le Milan de Berlusconi, naufragé de Knysna, en quête de rédemption aujourd'hui à Lyon, et dans le même temps, il plaide pour sa paroisse. Celle d'un coach faiseur de miracles, qui multiplie les pains à chaque intersaison. Selon son dogme, si peu orthodoxe. Tous les étés, les meilleurs joueurs formés ou passés par le Morbihan (Gignac, Keita, Koscielny, Gameiro…) migrent vers des cieux plus renommés. Plus-values à la clé nécessaires à l'équilibre financier de la chapelle bretonne. Homme seul, cornac jalousé, il ne sait toujours pas s'il «croit en Dieu mais ce n'est pas le plus important. La morale l'est. A cause de la religion, l'homme est capable du pire et Dieu n'a rien à voir là-dedans». Amen.
Stade du Moustoir. Des couloirs étroits avec de grandes photos encadrées évoquent les plus belles heures du club. Ils mènent à un bureau exigu aux murs blancs. Sans âme. Celui de Gourcuff. Aucune trace visible n'atteste de ses vingt-quatre saisons passées au FCL. Chemise et pantalon gris aux armes du club. Tignasse de moins en moins bouclée, de plus en plus salée, il discourt comme un slameur, par saccades. Ni taiseux ni d