Dès l’entrée des concurrents dans les quarantièmes, j’évoquais dans ma chronique du 7 décembre un échange radio avec une exploratrice anglaise basée sur l’île Gough, frontière entre les Alizés de Sainte-Hélène et les rugissements des mers du Sud. Cette rencontre via la radio VHF était la première d’une série de deux. Aujourd’hui, l’été austral démarre et, cerise sur le gâteau, Gabart et Le Cléac’h viennent de passer à quelques encablures du sud de l’île d’Auckland, là où quatre ans plus tôt, naissait une deuxième rencontre furtive pour moi, dans un endroit complètement improbable.
Nous sommes en 2008, Desjoyaux mène la danse devant une flotte de concurrents plus ou moins vaillants. Les rebondissements de la course s’enchaînent avec des histoires de marins quelquefois mal en point, comme le courageux Yann Eliès. Les conditions sont difficiles mais normales. A bord de mon bateau, le rail fixé le long du mât pour tenir la grand-voile s’arrache par brides. C’est le début d’une suite de nombreuses galères qui m’obligeront à escalader ce mât un peu haut à mon goût. Performances diminuées, bateau trop handicapé et moral dans les baskets, je suis contraint de jeter l’ancre quelques heures dans un mouillage aussi perdu qu’animé, situé dans une magnifique petite baie au nord d’Auckland Island. L’endroit, magique et insolite, dépasse ce que l’on peut imaginer.
Cette île découverte en 1806 par Abraham Bristow, un chasseur de baleines, avait été colonisée pendant deux années en 1850. Mais