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Libération

Cap Horn, le rêve tant redouté

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par Marc Guillemot, (skippeur de «Safran»)*
publié le 27 décembre 2012 à 20h56
(mis à jour le 28 décembre 2012 à 15h19)

Fêter Noël seul en mer n’est pas trop mon truc, pas plus que le 31 ou le passage de l’Equateur. Seule exception à la règle : le passage du cap Horn, même si ce caillou n’a rien d’extraordinaire hormis les légendes qui l’entourent et sa situation géographique.

L'îlot Cabo de Hornos est si imprégné de l'histoire des marins «de guerre», du commerce à la voile, des flibustiers ou encore des navigateurs d'aujourd'hui. Il est si au sud que quelque soit la direction, est ou ouest, très rapidement, le cap s'infléchira vers des latitudes plus accueillantes.

J'ai eu la chance de le contourner à trois reprises, deux fois en équipage avec Alain Gabbay, et avec Eric Tabarly, puis lors du dernier Vendée Globe, en 2008. Cette année, pendant que les autres, ceux qui sont toujours en course, s'apprêtent à le franchir, je le passerai une 4e fois mais uniquement dans la tête. Pas de chance, ça ne compte pas ; sinon nous serions des milliers de cap-horniers sans ciré, sans bottes et, surtout, sans bateau.

A moins de quatre jours de la sortie, Armel Le Cléac’h et François Gabart profitent des derniers jours du Pacifique. Ils glissent tous les deux en parfaite harmonie vers le caillou le plus célèbre du monde, marquant le cap le plus austral accroché à un continent. Le cap Horn est le point de passage que l’on redoute, que l’on rêve de franchir, qui donne force et sérénité lorsque, dans son sillage, il disparaît. Il impose vigilance et concentration lorsqu’à l’h