A ma gauche, Desjoyeaux, Michel, 47 ans, seul double vainqueur du Vendée Globe, quasiment le meilleur marin en solitaire au monde et l’un des techniciens les plus innovants du secteur.
A ma droite, Gabart, François, 29 ans, l'un des benjamins du Vendée, qu'il court pour la première fois, jeune turc espéré qui, jusqu'à présent, tient la dragée haute à toute la flotte (lire page suivante). Sur bâbord, voici un capitaine resté à terre pour cette fois, gaillard d'avant couturé de certitudes, humour acerbe, vérités tranchées, compétences respectées. Sur tribord, voilà un freluquet blondinet à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, gendre idéal du genre éveillé, souriant, accommodant.
Leurs personnalités ainsi schématisées, les rapports entre celui qu’on surnomme «le Professeur» et l’un de ses élèves les plus doués paraissent écrits d’avance. Il devrait y avoir le maître incontesté et l’élève appliqué. Nous allons voir que les choses sont plus compliquées, que le duo est beaucoup plus égalitaire qu’imaginé. Desjoyeaux est plus qu’un homme de mer, plus qu’un sportif des océans. Il adore s’investir, dès l’origine, dans la conception des bateaux. Pour les architectes, c’est un interlocuteur coriace, un innovateur qui a cogité le pont avant en aile de mouette ou la cellule de vie basculante. Quant aux chantiers de construction, il en connaît tous les recoins, toutes les malices.
La relation technique
Longtemps, Hubert, l’aîné récemment disparu de Michel De