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Libération
EDITORIAL

Ubiquité

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publié le 27 janvier 2013 à 21h46

Il revient de la planète mer, mais François Gabart n’est pas un ermite des océans qui aurait perdu tout contact avec le réel tandis qu’il dansait son tango avec l’inconnu. Multitâches, multifonctions, multimédias, le vainqueur du Vendée a vécu 78 jours en haute solitude mais aussi en extrême convivialité réseauteuse avec ses contemporains. Il est d’ici et de là-bas, doué de cette ubiquité des transcourants, des transfrontières. Il est en exacte symbiose avec cette génération Y qui finira par prendre la barre d’un pays qui a bien besoin d’un grand souffle pacifique, d’un horizon dégagé des traditionalismes et d’un apprivoisement des technologies de l’information. Cet homme de 29 ans n’a pas peur du monde, il vient d’en faire le tour. Il sait anticiper sur le temps qu’il fera, deviner d’où le vent soufflera, comme il maîtrise l’immédiateté, comprend les choses au quart de tour et ne s’inquiète pas vraiment d’un avenir qu’il sait s’inventer. Il a forgé son destin au mérite, ce qui ravit dans une société d’héritiers. Il est en phase avec ses pairs, mais ne voit pas l’intérêt de tuer ses pères, préférant s’en inspirer et n’hésitant pas à leur en remontrer. Gabart serait un cartésien, un ingénieur, un sportif et c’est pour ça qu’il démoderait ses devanciers ? C’est vrai, et ça pourrait perturber une France paysanne qui s’est toujours pâmée pour des marins qu’elle voyait comme des aventuriers, des poètes, des métaphysiciens. Mais Gabart est aussi un dauphin numérique, ondoyant et t