Et soudain, le cauchemar se matérialisa sous la forme d'un chiffre, annoncé hier lors d'une conférence d'Europol à La Haye (Pays-Bas) : 680. Autant de matchs de foot vérolés de par le monde entre 2008 et 2011 (lire ci-contre). Près de 700 rencontres du sport-roi au résultat aussi crédible que l'issue d'une «élection» dans une république bananière. Plus d'un demi-millier de parties dont certains joueurs ou arbitres n'étaient en fait que des marionnettes aux mains de mafiosi de seconde zone ou de parrains de syndicats du crime asiatique. Ce n'est plus du foot, c'est le salon des arts ménagers où les matchs ne sont que des lessiveuses à argent sale servant à blanchir le pognon des triades chinoises ou des familles balkaniques, qui ont organisé des paris truqués sur des rencontres dont elles se sont préalablement assuré le résultat avec l'arsenal classique du milieu : intimidation, corruption, menaces…
Pour spectaculaires qu'elles soient, les annonces faites par Europol ne surprendront pas les instances sportives internationales pour lesquelles les risques liés aux paris (vieux comme le sport ou presque, mais démultipliés avec Internet) sont bien plus dangereux que le dopage. Parce que, comme le résume Jean-François Vilotte, président de l'Autorité (française) de régulation des jeux en ligne, «il est plus facile d'accepter de l'argent pour perdre que de prendre un produit pour gagner» (lire page 4). Parce que partout et tout le temps, on peut parier sur tout et