«Je suis né sans os sous les genoux. Je mesure seulement 1,57 m. Mais c'est le corps qui m'a été donné. C'est mon arme. C'est ainsi que je conquiers, que je mène ma guerre. C'est ainsi que j'ai battu le record du monde 49 fois. C'est ainsi que je deviens la chose la plus rapide sans jambes. C'est mon arme. C'est ainsi que je me bats.» Tels sont les mots prononcés par Oscar Pistorius dans une publicité pour Nike. Le personnage est devenu un acteur hybride incontournable de l'engagement éthique des acteurs du sport en interrogeant les normes de handicapabilité. Son cas est du ressort de la bioéthique puisqu'il interroge la définition même de l'être humain.
Hybridé, Pistorius est venu interroger avec sa double prothèse l’imaginaire normatif du sport officiel et les limites de la classification du sport selon l’image du corps. A 26 ans, handicapé de naissance, il a été l’une des stars des JO de Londres en 2012, prenant le départ avec les valides du 400 mètres et du 4 x 400 mètres. La mondialisation des jeux paralympiques dans la mise en spectacle a démontré l’inclusion de Pistorius éliminé, comme un autre athlète valide, en demi-finale du 400 mètres de ces JO, apogée d’une reconnaissance ou d’une banalisation du cyborg. Cette hybridation des pratiques par la présence ensemble de sportifs valides et adaptés est aussi un bouleversement de l’imaginaire du corps ; la difficulté est d’imaginer et d’accepter une nouvelle image du corps qui place l’altérité sans une altération