Envolées de jambes, retournés acrobatiques, crissement de semelles, bruit mat : la balle en plastique, frappée en plein vol d'un coup de pied lancé à un mètre du sol, file par-dessus le filet, rebondit sur un torse qui contre. Ce samedi matin d'hiver, ils sont huit à s'échauffer dans le gymnase des Malteries, à Schiltigheim, une commune des environs de Strasbourg. Sept gars, une fille. Trois fois par semaine, ils se retrouvent là pour s'entraîner au sepak takraw, un sport explosif quasi inconnu en Europe et ultrapopulaire dans toute l'Asie du Sud-Est.
La traduction de son nom définit ce sport millénaire : sepak pour «coup de pied», en malais, alors que takraw désigne, en thaï, une «balle tressée». Il se joue par équipes de trois, appelées regu, ou en double, et se contente de peu : un filet tendu à 1,50 mètre du sol, un petit terrain - de la taille badminton, surface indifférente -, une balle d'environ 400 grammes de la taille d'un pamplemousse, tressée traditionnellement en bambou, aujourd'hui moulée en plastique. Les règles sont à peu près celles du volley, à une grosse différence près. La balle peut être frappée avec toutes les parties du corps : jambes, genoux, pieds et tête, mais aussi torse, dos, voire fesses, qu'importe… tant qu'il ne s'agit pas des mains ou des bras. D'où des jeux de jambes spectaculaires pour faire monter la balle par-dessus le filet et marquer, en la faisant atterrir dans le camp adverse, l'un des quinze points d'