La mauvaise réputation, c'est du Scotch double face. On a beau s'agiter dans tous les sens, une fois que c'est collé, c'est une galère pour s'en dépêtrer. Même quand on croit en avoir fini, il arrive toujours un moment où l'on se rend compte qu'un bout de plastique s'agrippe de toutes ses forces à un carré de peau. Quand les gens laissent traîner des saloperies sur vous, c'est pareil, et ça peut durer longtemps. Une sorte de shadow-boxing : on court après des adversaires invisibles, on frappe l'air, on s'épuise.
C'est le cas de Mahiedine Mekhissi. Seul dans sa petite chambre d'ado chez ses parents, à 28 ans, il se répète inlassablement : «Je ne comprends pas pourquoi on ne me voit pas en champion. J'ai le plus beau palmarès du demi-fond français, j'ai du talent et je suis un leader de cette équipe de France. Mes plus belles années sont devant moi. Je ne comprends pas.» Il dit ça en baissant les yeux sur son thé à la menthe. Sa mauvaise réputation le précède, il le sait et il sait qu'il ne la maîtrise plus. Les mots prononcés sur son passage : violence, caïd, dopage… mais aussi talent, quand même, cet incroyable talent qui lui a enfilé des médailles de tous les métaux autour du cou.
Mahiedine Mekhissi est né un soir d’août 2008 dans un Nid d’oiseau, le stade olympique de Pékin. A revoir cette finale, on pense à ce sport de fou qu’est la course à pied. Un sport qui vous impose de tourner en rond sur un ovale rouge de 400 mètres, le plus vite possible, encore et