Photo Gilles Favier. VU
Tournons la molette d'un kaléidoscope en fixant Mohed Altrad. Les morceaux surgissent. Business en béton, grosse fortune. Littérature. Rugby de haut niveau. Syrie des Bédouins, Sinaï et conte des mille et une nuits. Allah, Jésus : «Qui a raison ?»… Dans le prisme du petit cylindre, les couleurs sont belles, les contours flous. La mâchoire est bien carrée mais les rayures de la chemise bicolore sont des lignes de fuite vers l'infini.
Etre nimbé de mystère est une coquetterie d'avant Internet. Mohed Altrad en cultive d'autres. Son groupe, Altrad (7 000 personnes dans le monde, 80 filiales, 750 millions d'euros de chiffre d'affaires prévu en 2013, 20 % de croissance annuelle depuis vingt-huit ans), n'a pas de siège social dans une tour de verre. Le standard du groupe est à Florensac, bourgade de l'Hérault où a commencé l'aventure industrielle du raïs de l'échafaudage, de la bétonnière et de la brouette. Pour joindre le patron, ni secrétariat ni service de presse. «Juste un mail», dit l'opératrice. On envoie une demande à 17 h 14. La réponse tombe à 23 h 27 pour un rendez-vous fixé le lendemain matin à Paris. Un peu rapide… Un nouveau rendez-vous est fixé dès le lendemain, «8 heures», chez lui, à Montpellier, à la Bergerie, «cartel général du groupe». Une grille électrique, un jardin-piscine, des échafaudages siglés Altrad devant le bâtiment. Dans l'entrée, une petite machine à café, une table basse avec son dernier roman