Menu
Libération
Récit

Mont-Blanc : souk de couchages

Article réservé aux abonnés
Le système de réservation du nouveau refuge du Goûter fait encore grincer les dents.
publié le 28 avril 2013 à 22h26

C’est Clochemerle au pays du Mont-Blanc. Autour du nouveau refuge du Goûter, la dernière étape gardée sur la voie classique d’accès au «Toit de l’Europe» à 3 835 mètres, se joue une guerre picrocholine. A trois jours de l’ouverture des réservations pour les nuitées au refuge - le 2 mai -, il n’est pas certain que le bâtiment aux allures de vaisseau futuriste achevé l’été dernier, ouvre ses portes. En revanche, la foire d’empoigne entre professionnels de la montagne est garantie. Le système de réservations par Internet, mis en place l’an dernier, était censé réguler l’afflux d’alpinistes. Chaque été, on compte 25 000 candidats au Mont-Blanc, dont la majorité sur la voie de l’arête du Goûter, générant des pics de fréquentation peu compatibles avec la sécurité. Au final, ce système avait surtout provoqué un énorme pataquès et ravivé les tensions entre professionnels. Alors que leurs clients avaient déjà réservé, les agences françaises spécialisées s’étaient retrouvées quasiment sans nuitée pour l’été. Des tour-opérateurs anglais et japonais avaient su profiter des failles pour se livrer au surbooking, tandis que la Compagnie des guides de Chamonix et le Bureau des guides de Saint-Gervais se voyaient octroyer d’office un confortable quota de nuitées. Un an plus tard, les agences françaises craignent de perdre de nouveau la majeure part de leur chiffre d’affaires estival et dénoncent les chasses gardées. Les guides indépendants, eux, redoutent d’être carrément privés de Goûter.