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TRIBUNE

Roland-Garros : le rouge est mis

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par Bertrand Pulman, Professeur de sociologie à Paris-XIII, Sorbonne-Paris-Cité
publié le 20 mai 2013 à 19h06

Durant la quinzaine des Internationaux de France de tennis dont les qualifications débutent aujourd’hui, la Terre n’est pas seulement ronde, elle est rouge. Le stade Roland-Garros est le temple mondial de la terre battue. Le rouge sert de toile de fond à des combats qui rappellent visuellement les corridas. Tous les ans, au moment des beaux jours, le tournoi suscite un engouement considérable : un demi-million de spectateurs, des retransmissions télévisées dans 180 pays, des dizaines d’entreprises qui s’appuient sur la compétition pour leurs relations publiques. Ce retentissement montre qu’il ne s’agit pas que d’un simple événement sportif. C’est un fait social, dont les évolutions, depuis cinquante ans, reflètent les transformations de la société globale. J’en soulignerai deux ici.

Le premier mouvement qui frappe l’observateur est évidemment la professionnalisation et la marchandisation du sport. Par une curieuse ironie de l’histoire, en mai 1968, le tournoi de la porte d’Auteuil a été le premier Grand Chelem à s’ouvrir aux joueurs professionnels. Pierre Darmon, premier directeur de la compétition durant l’ère «Open», raconte qu’à l’époque, le stade tombait en ruine : la clôture consistait en un simple massif de végétation qui était enjambé par de nombreux spectateurs ; la Fédération française de tennis (FFT) n’avait pas un sou ; les dirigeants du tournoi étaient tous bénévoles. Depuis, l’argent a fait irruption, avec l’explosion des droits de retransmission télévisée, la mu