Dialogue entre deux spéculateurs. «Moi dans mon portefeuille, j'ai de la dette grecque, des actions Apple et des mines d'uranium au Niger, et toi ?» «Moi, j'ai du footballeur sud-américain.» Discussion fictive mais pas irréaliste à l'heure où le prodige brésilien Neymar est sur le point de rejoindre le Barca et où l'attaquant colombien Radamel Falcao arrive à l'AS Monaco. Deux joueurs qui partagent la particularité de ne pas appartenir entièrement au club qui les vend, mais en partie à des fonds d'investissements. Un système («third-party ownership»), apparu il y a quelques années et qui transforme, de fait, les footballeurs en produit spéculatif.
«Lorsqu'un club est en difficulté, comme c'est souvent le cas en Argentine, une des solutions pour payer les salaires est de vendre une parties des droits économiques d'un joueur prometteur à des fonds d'investissement privés. Ces derniers font le pari que le joueur va se révéler et que sa valeur va augmenter», explique Jean-Marc Benammar, consultant en économie spécialisé dans le football et professeur associé à Paris-VIII.
Fausses factures et paradis fiscaux
Ce système concerne essentiellement des joueurs sud-américains signant en Europe. Ce fut le cas