Honneur au vaincu, David Ferrer. Oui, puisque le règne de Rafael Nadal sur Roland-Garros n’est pas près de s’arrêter, on a envie de souligner l’extraordinaire qualité de ce petit bonhomme de 31 ans qui, sans l’immense classe de son cadet ibérique, aurait pu devenir le plus «vieux» vainqueur d’un tournoi du Grand Chelem depuis Andre Agassi en Australie en 2003. Extraordinaire n’est pourtant pas à première vue l’adjectif le plus approprié pour parler de David Ferrer : il n’est pas le plus puissant, il ne possède même pas de coup dominant, il n’est pas le plus charismatique, cultivant une modestie et une discrétion presque maladives. De plus, il marche les jambes un peu arquées comme un jockey : tout, jusqu’à sa tenue verte et bleu marine, le place parmi les plus disgracieux.
Mais peu importe. Sur le terrain, David Ferrer fait tout très bien, sans points forts ni points faibles, mais avec la plus fine des intelligences, celle qui s'adapte à l'adversaire. Il déploie un tennis où tout est équilibre, le conservant même alors qu'il frappe chaque coup droit les pieds décollés du sol. Il peut répéter ses efforts pendant des heures grâce à son physique hors norme, qui lui permet d'être toujours à l'exact endroit pour délivrer une bonne frappe. Toni Nadal, l'oncle de Rafael, dit de David Ferrer : «Il ne met pas un effet extraordinaire dans sa balle, mais il la frappe toujours parfaitement, et ça, c'est extraordinaire.»
On connaissait déjà toutes ces qualités pour avoir observé l