Vu les dizaines de gymnases et de stades qui portent son nom, on aurait pu penser qu'Alain Mimoun, le champion olympique du marathon aux Jeux de Melbourne en 1956, avait disparu depuis longtemps. Mais ce n'est que jeudi soir que le miraculé de la dernière guerre s'est éteint à Champigny-sur-Marne à 92 ans, un exploit en soi pour un homme qui a vécu dans la souffrance. Icône du sport tricolore, Alain Mimoun fut le recordman absolu de l'athlétisme français avec 29 titres nationaux sur 5 000 et 10 000 mètres. Né le 1er janvier 1921 à El Telagh dans le département d'Oran en Algérie, Ali Mimoun Ould Kacha était issu d'une famille modeste de sept enfants. Sa mère le destinait à une carrière d'instituteur. N'ayant jamais pu obtenir de bourse d'études, il s'engage dans l'armée. C'est là qu'il découvre la course à pied, lors de son service militaire chez les tirailleurs algériens.
Mais la carrière de ce héros de la République, décoré de la Légion d'honneur par quatre présidents (Coty, Pompidou, Chirac, Sarkozy), aurait très bien pu ne jamais débuter. Alain Mimoun, caporal dans la 3e division d'infanterie algérienne, participe à la campagne d'Italie en juillet 1943. Il se retrouve en première ligne lors de la bataille de Monte Cassino. Le 28 janvier 1944, il est grièvement blessé à la jambe gauche par trois éclats d'obus. Transporté à l'hôpital français de Naples, il évite l'amputation de justesse.
Secrètement. Après la guerre,