Assis à l’arrière de sa voiture rouge, Jean-François Pescheux, 61 ans, est responsable de la direction sportive du Tour. C’est lui qui structure la pièce quand la forme du vers est menacée. Il fait respecter les convenances en aboyant comme un remorqueur de haute mer : «Messieurs les suiveurs, accélérez ! Voiture Tartemolle, portez-vous à la hauteur de votre coureur pour un bris de chaine !» C’est le premier auditeur de Radio Tour. Et le moins attendrissant des maréchaux d’Empire du Tour. Mais pas le moins attachant.
A bien des égards, avec cette bonté dissimulée, il est le metteur en scène de la composition littéraire de l'étape. C'est l'expert en avaries, le notaire du Tour, son officier d'état civil. Et le grammairien des départementales, car c'est lui qui fixe les règles de conduite de ce serpentin automobile au tableau noir. Le soir de l'étape, il tient conclave avec ses commissaires de course, dont certains sont équipés de poches marsupiales car c'est aussi la bonne chère qui les réunit. Ils refont la dictée du jour et corrigent les fautes commises par ces cosaques de suiveurs. Jean-François Pescheux assure qu'il va prendre sa retraite dans trois semaines. Pas de mélancolie, mais la conscience que l'administration qu'il représentait a cédé ses droits à une machinerie sportive qui le dépasse. Il ne se reconnaît plus vraiment dans l'outillage mondial du vélo. Ne s'est jamais, dit-il, laissé abuser par les performances, même s'il se tient à un devoir de réserve. Un jour où